Retour à Le Taï Chi Chuan

Introduction

IMG_2854Gestuelle Energétique chinoise, Voie d’évolution traditionnelle, Art martial non violent.

Le Tai Chi Chuan est un art martial chinois ancestral.

A la différence d’autres arts martiaux comme le Kung-Fu ou le Karate, le Taï Chi Chuan est un art martial interne dont le but est la compréhension naturelle de son corps grâce à la circulation du souffle interne (Le Chi).

Généralités et historique

Le Tai Chi Chuan (ou Tai Ji Quan) que nous pouvons pratiquer aujourd’hui est le fruit d’une très longue histoire. Il s’est nourri d’éléments jalonnant cette histoire en les organisant autour de « principes » fondamentaux qui forment sa trame. Nous allons essayer d’explorer ces principes.

Cette longue histoire explique largement la diversité des écoles actuelles. Le nom utilisé aujourd’hui est le nom de la famille qui a d’abord développé ce style. Autrefois le secret de ces styles de boxe était jalousement gardé au sein du groupe familial. La famille Chen représente le style codifié le plus ancien ; la famille Yang est la première à avoir élargi l’enseignement au public. Les autres écoles sont issues du style Yang. Les écoles les plus structurées se rattachent à un Maître qui a crée ou modifié un style. Ensuite, d’autres écoles se rattachent à un disciple du Maître, à un élève d’un disciple, etc …

Pour bien comprendre cette évolution, il faut se souvenir que le Tai Chi Chuan était alors considéré comme un trésor ; très difficile d’accès, la transmission était réservée à quelques proches. Ce n’est que très récemment que la pratique est devenue une activité de masse, parfois au détriment de sa richesse « d’art martial interne ».

On fait couramment remonter les premières traces au XIIe siècle ; on trouve des éléments liés aux traditions bouddhistes et taoïstes. C’est une « recette » où la proportion des ingrédients varie avec les époques. On retrouve toujours un cadre gestuel très élaboré comme élément central.

Ce cadre sert de support à des éléments de technique martiale et des éléments de pratiques énergétiques dans des proportions variées suivant les époques ; c’est généralement un système respiratoire qui est au cœur du système énergétique.

On estime souvent que le bouddhisme serait à l’origine des techniques martiales développées par le Tai Chi Chuan ; en fait, certains spécialistes tendent à penser que l’Inde serait le berceau des arts martiaux tout comme c’est le berceau du bouddhisme. L’apport du taoïsme a été déterminant dans l’élaboration du Tai Chi Chuan. C’est une vision nourrie de l’expérience directe, de la contemplation de la nature et de l’observation des mécanismes du vivant ; une idée centrale du taoïsme est de trouver une façon de régler notre vie en harmonie avec le monde extérieur et avec notre nature profonde.

Le Tai Chi Chuan peut être considéré comme une mise en mouvement des principes taoïstes. Il en a reçu aussi ses principes énergétiques profonds, comme la respiration dite du « souffle interne » qui est au cœur de cette discipline. Le souffle interne n’est pas uniquement une respiration particulière. C’est une façon de rendre toute la structure du corps humain « respiratoire » ; cette respiration spécifique est le support de l’énergie.

La gageure du Tai Chi Chuan est de faire progresser le pratiquant par des techniques corporelles vers une qualité d’être ; on part de techniques simples, on chemine par une profonde transformation de la conscience corporelle, pour aboutir à une qualité de présence.

Une manière solide, fluide et confiante d’être dans son corps.

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Les principes fondamentaux

Quelques éléments de la pensée relatifs à la pensée chinoise traditionnelle sont utiles à la compréhension des principes internes.

Le principe de polarité « Yin / Yang » en est un élément essentiel. La pensée occidentale sépare et oppose les contraires. Le principe de yin / yang les unit dans une compréhension globale : la tension engendrée par cette polarité détermine l’énergie ; c’est une autre clef pour le Tai Chi Chuan.

On parle du CHI ou énergie interne, en relation avec le souffle.

Yin / Yang et énergie organisent concrètement toute la pratique.

On peut le comprendre facilement par analogie avec notre planète. Les deux pôles sont opposés géographiquement mais reliés par l’axe de rotation du globe et par les méridiens ; ils sont en relation avec la rotation du globe. Cette rotation organise d’autres polarités : nocturne / diurne, chaleur et froid … et donc les déplacements des masses d’air qui balayent la Terre, comparables au souffle. Ces mouvements sont aussi en relation avec le cycle de l’eau, déterminant pour la vie. Le Tai Chi Chuan reprend tous ces éléments dans l’expérience du corps en mouvement. Axe, centre, polarité, méridiens, souffle, mouvements circulaires et circulation fluide sont des éléments très concrètement présents dans la pratique du Tai Chi Chuan.

L’apprentissage se fait par la répétition d’éléments simples de mouvements assemblés dans des enchaînements plus importants.

C’est la simplicité des éléments de base qui fait l’apparente facilité de la démarche. La découverte et la mémorisation de l’enchaînement gestuel (« la forme ») occupe l’essentiel du cours pour le pratiquant débutant. La mémorisation est nécessaire pour pouvoir ensuite se concentrer efficacement sur le travail interne. En fait, après bien des années de pratique, on a l’impression d’être revenu à un état naturel. Les taoïstes disaient « retrouver l’état (énergétique) d’un petit enfant ».

Le petit enfant dispose d’une énergie très importante mais pas des structures qui permettent de l’organiser. L’adulte, en se structurant, a souvent bloqué cette énergie. Le Tai Chi Chuan propose une méthode pour retrouver cette énergie tout en restaurant des structures spécifiques.

On commence donc par un apprentissage assez formel pour évoluer vers une découverte ; c’est la recherche d’une vitalité, d’une énergie que nous avons oubliée dans les méandres et les difficultés de la vie quotidienne, souvent citadine et sédentaire. Cette vitalité est présente dans la nature sous tous ses aspects : dans le vol d’un oiseau, le port majestueux d’un arbre ancien, dans les bourgeons qui apparaissent sur le bois dénudé avec le retour du printemps … C’est pourquoi l’on pratique souvent en extérieur, pour se ressourcer dans cette vitalité puissante de la nature, toujours présente et disponible. On étudie par contre généralement dans une salle, pour plus de confort et une meilleure concentration. On étudie dans un groupe, dans un esprit d’entraide mutuelle. C’est cependant une recherche très personnelle qui guide la progression de chacun.

Cette recherche est surtout dirigée vers des qualités de l’esprit, bien que le travail soit centré sur le corps.

IMG_3794La Paix du Cœur

Les traits caractéristiques de cet état d’esprit rappellent là encore le petit enfant.

C’est d’abord la présence à l’instant, l’ouverture et la « joie de l’esprit » qui sont cultivées.

La « joie de l’esprit » et la paix du cœur sont certainement les objectifs les plus essentiels pour le pratiquant de Tai Chi Chuan. Ces traits de l’esprit sont en relation profonde avec le corps et le souffle, ainsi qu’avec notre état de santé.

Le corps se comporte comme un langage qui raconte notre histoire. Y sont inscrites nos peines, nos fatigues, notre colère comme autant de poids qui ont étouffé la joie naturelle et spontanée de l’enfance. On ne peut pas ignorer ce poids car il gène et déforme le corps, attriste l’esprit ; il nous empêche de goûter simplement la joie de vivre et de respirer. La vision paradoxale du Tai Chi Chuan indique que c’est en pénétrant profondément dans les sensations de notre propre poids que l’on va retrouver ce qui enracine, le sens de nos fondations et ensuite l’inspiration, l’intuition du geste ouvert, juste, tranquille, détendu et léger.

Les conditions de la respiration servent de fil conducteur pour touteIMG_9128 la pratique. L’expression de cette légèreté est dans l’image de tout le corps qui respire en harmonie avec ses propres rythmes internes et avec le mouvement extérieur. Cette notion d’harmonie fondamentale forme un paradoxe avec celle d’art martial. Pourtant c’est la même sensation d’harmonie que l’on éprouve en voyant un pratiquant de haut niveau, tant dans les mouvements de la forme que dans leurs applications martiales

La forme est en fait une succession d’actions de combat enchaînées au rythme lent et régulier d’une respiration profonde.

Les frappes ou les défenses se suivent sans heurts, avec douceur et précision et avec une parfaite concentration. En fait, il est nécessaire de connaître le sens des actions et de disposer de moyens de contact pour pénétrer vraiment dans la réalité de l’action, dans la réalité de l’énergie. C’est dans le sens de nombreux exercices simples de contact qui illustrent les cours. Ces exercices permettent d’éprouver la capacité d’action ou d’enracinement de l’étudiant. Ils permettent surtout de développer une qualité d’action spécifique, caractéristique de l’énergie interne. Après plusieurs années de ce type d’entraînement, on peut envisager d’aborder l’application martiale des mouvements contenus dans la forme.

En écho au principe fondamental de la polarité Yin / Yang, on recherche la puissance dans la légèreté, la rapidité par la lenteur, la paix du cœur dans la confrontation. C’est pourquoi le Tai Chi Chuan est considéré comme un art particulièrement profond et difficile à maîtriser.

Le Style Yang Traditionnel présente la particularité d’avoir organisé l’enseignement suivant une progression des principes internes qu’on retrouve dans toutes les facettes de la pratiques d’une manière vraiment cohérente. L’ensemble Tai Chi Chuan – Chi Kong – méditation – armes – massages – exercices de santé – techniques martiales représente une vaste famille de pratiques dont le cœur serait le souffle interne.

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